Un jeu de stratégie collaboratif

Gilles Ramstein
Chercheur CEA au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement de l’Institut Pierre-Simon Laplace.
ClimaTicTac est un jeu stratégique collaboratif, mais il pourrait se lire également comme une tragédie. Il y a en effet une unité de lieu, la Terre, une unité de temps ; le vingt-et-unième siècle et une unité d’action, la lutte contre le réchauffement climatique. Le démon du jeu est évidemment ici la montée inéluctable du CO2 et des périls qu’il fait peser sur la planète et ses cités. Mais précisons ces termes.
Unité de lieu : la Terre
En effet, le réchauffement climatique est lié aux gaz à effet de serre, qui ont un effet radiatif puissant et sont présents dans toute l’atmosphère terrestre, partout sur la Terre, aussi bien au-dessus des vastes plaines, des océans que des calottes de glace. Mais leur impact climatique, lui, n’est pas partout le même. Certaines villes vont être menacées par des inondations tandis que d’autres vont subir des canicules extrêmes…
Ainsi, ClimaTicTac va vous permettre à la fois de gérer au mieux la montée en puissance de ces gaz à effet de serre pour éviter le pire, c’est ce que les scientifiques appellent l’atténuation, mais aussi de protéger des villes qui vont, suivant leur contexte géographique (bord de mer, zone continentale, zone équatoriale ou boréale), ressentir très différemment l’impact du changement climatique. C’est ce qu’on appelle l’adaptation. Ainsi, l’unité de lieu est bien toute la Terre dans toute sa diversité.
Unité de temps : le siècle
ClimaTicTac est un jeu au long cours. Il va s’agir de maîtriser la montée en puissance des changements climatiques et de défendre pied à pied des villes qui vont être lentement mais sûrement de plus en plus menacées au cours du prochain siècle. Si la tendance du changement global est lourde, elle est aussi très lente. ClimaTicTac prend en compte non seulement la longue marche du CO2, mais aussi les événements rapides et extrêmes (tempêtes etc.) qui vont s’abattre sur les différentes cités, tels des fléaux.
Il s’agira de lutter avec plus ou moins de bonheur et de chance, mais surtout avec un sens aigu de la stratégie collaborative et du temps qui passe et du CO2 qui monte. Chaque tour voit le grand sablier du temps s’écouler et correspond à 10 années pendant lesquelles il va falloir gérer au mieux l’irrépressible réchauffement climatique.
Unité d’action : atténuation et adaptation
Le collectif de joueurs va devoir mener une double action. D’abord, au niveau global, tout faire pour limiter la montée en puissance du CO2, ensuite, au niveau régional, défendre les cités contre les 1000 maux provoqués par le dérèglement climatique.
Il ne s’agit pas, comme dans les tragédies classiques, de la confrontation d’un homme et de son destin, mais d’un collectif capable de mettre en place une stratégie pour éviter le dérèglement climatique.